Être humain, c’est être conscient de soi, mais la conscience de soi ne suffit plus aujourd'hui, il faut aussi être conscient de son humanité et de l’Humanité. Au 18ème siècle, Montesquieu demandait «Comment peut-on être persan ?» ; au 21ème siècle, l’interrogation correspondante est “Comment peut-on être humain sans passer par la conscience de l’Humanité ?” Un nouveau défi apparaît, celui d’inclure dans la conscience de soi la conscience de l’humanité.
Tout être humain est un individu. Nous oublions que “l’Homme” n’existe pas, il n’existe que des êtres humains, des individus humains. Le plus souvent le terme “individu” est incompris, l’individualisme confondu avec le personnalisme et l’égoïsme. Des générations de théologiens et penseurs chrétiens, dont Emmanuel Mounier n’est pas le dernier, ont diabolisé l’individu et l’individualisme. Il est nécessaire de revenir à une redéfinition précise des notions d’individu, d’individuation, d’individualisme et de personnalisme, afin de rappeler la valeur et la nécessité de l’individualisme, tant sur le plan individuel que collectif.
Le 28 avril 2020, lors du premier confinement, j’avais proposé une conférence sur le thème du « Jour d’Après », qui fleurissait alors sur les réseaux sociaux et dans les médias. Beaucoup de personnes disaient alors que la crise du Covid-19 était un moyen de changer la société, qu’il y aurait un avant et un après, que cette crise permettrait un changement sociétal radical, un « Grand soir », un « Jour d’après ». Certains reliaient même cela à des thèses écolo-apocalyptiques. Suivant leur sensibilité personnelle, ce « Jour d’après » était tantôt écologiste, localiste, végan, fraternel, solidaire, décroissant, anti-capitaliste, féministe… Mais à contre-sens de ces affirmations, pour l’essentiel issues d’une pensée crisique, j’avais dit qu’il n’y aurait pas de « Jour d’Après ». Je vous propose de revenir sur ce thème, avec le recul de plus d’un an de crise sanitaire.
Être philosophe consiste à cultiver une attitude d’éveil face à l’existence. Si nous n’y prenons pas garde, nous risquons de passer la plus grande partie de notre existence à “dormir”. C’est même un impératif pour vivre pleinement son existence et se réaliser humainement. Que désigne précisément cette notion d’éveil philosophique ? Quels sont les principes de cet éveil ? Comment intervient-il ? Cette conférence présentera cet aspect de la démarche philosophique, à la fois si important et si souvent méconnu : la philosophie comme voie d’éveil.
Depuis l’antiquité, les relations de l’Occident envers l’Afrique sont placées sous le signe du fantasme, un double fantasme : celui du corps noir et celui du continent noir, celui de la peau noire et celui de l’espace africain. La colonisation débute avant toute chose dans l’esprit du colonisateur lorsqu’il imagine “l’autre”. Ce principe est particulièrement important dans le cas de l’Afrique. Cette conférence explorera quelques aspects de ces imaginaires dont l’Afrique et les noirs africains ont été l’objet par les occidentaux, fantasmes induisant autant que justifiant leurs relations avec l’Afrique et les Africains. Au passage, nous nous interrogerons sur les imaginaires et fantasmes discrets, mais bien présents, que notre société actuelle projette encore sur les africains, en Afrique.