L’invasion de l’Ukraine lancée par le président russe Vladimir Poutine le 24/02/2022 est une guerre contre l’Ukraine, indépendante, démocratique et européenne. Cette guerre marque le retour des ambitions impériales du Kremlin et de Poutine en Europe, qui considère que sa mission historique est de rétablir les frontières de l’Empire russe et de l’Union soviétique au minima. Son aspiration est de faire à nouveau de la Russie un empire influent dans le monde comme à l’époque soviétique, notamment en « récupérant » les « terres russes » qui sont devenues des États indépendants il y a plus de trente ans, lorsque l’Union soviétique s’est effondrée en 1991. Cette volonté politique et le rétablissement d’un bloc russe n’a pas commencé en 2022, mais dès l’accession au pouvoir de Poutine avec la seconde guerre de Tchétchénie en 1999. La guerre contre l’Ukraine n’est que l’état actuelle de cette idéologie de rétablissement de l’empire russe. S’il n’est pas arrêté en Ukraine, il continuera. Le pays suivants dans son programme sont au minimum tous les anciens pays de l’URSS. Or, l’Ukraine n’est pas un pays russe, elle n’a jamais fait partie de la Russie et elle s’est battue depuis trois siècles pour retrouver son indépendance et se libérer de la domination russe. L’Ukraine fait obstacle à ses projets, par son attitude indépendante, pro-occidentale et démocratique. L’Ukraine se bat pour son existence et sa liberté, mais de fait elle se bat aussi pour l’ensemble des pays européens, pour notre indépendance et pour nos démocraties. La ligne de front en Ukraine est aussi notre ligne de front.
Pourtant, l’Union Européenne ne soutient pas assez l’Ukraine et tient une posture contradictoire de soutien effectif au régime de Poutine. Alors quelle s’efforce de soutenir militairement l’Ukraine avec un budget d’à peine 2 milliards d’euros (chiffre au 31/03) et des sanctions économiques contre la Russie, la même Union européenne fait chaque jour un chèque d’environs 700 millions d’euros à Poutine. Soit depuis le début de la guerre 24,5 milliards d’euros, soit 26,95 milliards de dollars au taux de change actuel (chiffres au 31/03). De ce fait, chaque jour nous donnons aux russes de quoi se payer l’équivalent de 118 char T-14 Armada de dernière génération (6,5 M USD l’unité) ou 14 Soukhoï SU 35 (55 M USD), ou 38 SU-25SM (20 M USD), des milliers de bombes à sous-munitions, d’armes thermobariques, de bombes au phosphore ou encore de quoi payer des dizaines de milliers de mercenaires du groupe Wagner contre les ukrainiens. Et si Poutine ne peut conquérir l’Ukraine comme il l’imaginait, il s’efforcera de détruire au maximum le pays (ses infrastructures, ses écoles, ses hôpitaux, son économie, ses moindres maisons). Et dans les territoires conquis, il procédera à leur russification, notamment en chassant ou soumettant les populations ukrainiennes.
Comme Poutine ne croit pas à la diplomatie, qu’il considère comme un signe de faiblesse, qu’il utilise uniquement pour endormir les pays européens et les empêcher de se mobiliser, qu’il a un large soutien populaire en Russie (il ne faut pas compter sur une révolution populaire ou un coup d’état interne) et qu’il ne peut pas renoncer pour des raisons idéologiques autant que politiques, il ne pourra être arrêté que part la force armée et une défaite militaire. La résistance du peuple ukrainien, sa mobilisation et sa combativité sont extraordinaires, personne n’avait imaginé cela. Mais ils ne pourront pas y arriver seuls. Ils ont besoin de tout notre soutien : moral, économique, humanitaire et militaire. Il ne faut pas se mobiliser pour la paix en Ukraine (dans ce contexte, certains pacifistes sont au mieux les idiots utiles involontaires de Poutine, d’autres sont pro-Poutine), mais pour la défaite de Poutine et la victoire de l’Ukraine.
Eric Lowen, le 31/03/2022
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